Edmond Fabre

Jean Madeline est le nom de plume d'Edmond Fabre,( Jacques Prosper Edmond Fabre) haut fonctionnaire et romancier français, né à Nîmes le 5 juin 1866 et mort à Beauvais le 11 février 1919. Il est le père de l’écrivain André Madeline. Edmond est le fils de Georges Gustave Fabre, pasteur. Après avoir obtenu une licence en droit, il effectue son service militaire du 12 novembre 1884 au 11 novembre 1885. Il est ensuite nommé chef de cabinet de Théodore Paul Viguié, préfet de l'Aude et il suit ce préfet dans la Marne.

Il obtient son premier poste de sous-préfet le 8 juin 1893 à Vitry-le-François. Il sera encore sous-préfet de Ploërmel (4 décembre 1894), de Clermont (21 octobre 1898), de Corbeil (31 juillet 1901) (de Narbonne (15 mars 1905), non installé), de Libourne (31 mars 1905) ; de Rambouillet (6 mars 1906) avant d'accéder à son premier poste de préfet. Il est nommé successivement en Corse (3 août 1909) ; dans le Tarn (3 octobre 1910) ;dans la Charente (20 octobre 1911) ; dans le Maine-et-Loire (7 juillet 1914) où il est préfet pendant une bonne partie de la guerre. Le 3 novembre 1917, il est nommé Préfet de l'Oise où il est mort en fonction.

• La République française (18 janvier 1904) 1.
• UN HEUREUX FONCTIONNAIRE.
• L'arrondissement de Corbeil a la bonne fortune de posséder un sous-préfet bien parisien. Celui-ci collabore aux journaux de mode, publie des chroniques émotionnées dans Femina où fréquentent les grâces et les ris, écrit des romans érotiques, se livre en fin à mille petits travaux lucratifs d'imagination. On peut penser comme ce fantaisiste est déplacé dans les plates réalités de la vie administrative. Aussi il s'y conduit comme un hanneton enfermé dans un pupitre. Madeline est son nom de trouvère, et M. Fabre son nom de sous-préfet. Le malheur est que Madeline empiète à tout instant sur les affaires du M. Fabre et y fait prévaloir son imagination déréglée. Croira-t-on que ce sous-préfet s'est avisé d'instituer à côté des conseils municipaux élus, des comités anonymes qui mènent les affaires de leur commune comme s'ils avaient été élus par leurs concitoyens. Il n'y a que des rebuffades pour les maires et les conseillers qui sont suspects d'admirer peu le petit père Combes et les siens; il correspond amicalement, au contraire, et même officiellement avec les comités radicaux ou socialistes, et leur délègue ouvertement les pouvoirs municipaux. Dans la grosse commune d'Évry-Petit-Bourg, par exemple, le conseil ayant émis l'avis à propos de la construction d'une école, qu'il y avait lieu de ménager les deniers des contribuables, M. Madeline a avisé les socialistes de l'endroit, par lettre officielle et rendue publique, qu'il s'en référerait à leur avis, non à ceux des conseillers rétrogrades. Le suffrage universel, les franchises communales, les droits des contribuables!… que signifient ces mots barbares? Madeline vit dans les sphères supérieures et se moque des lois et des règlements, ce qui ne l'empêche pas, d'ailleurs, de partager les appointements de M. Fabre et de fumer les cigares de la sous-préfecture. Heureux homme! Il peut mépriser la politique qui le fait vivre, au contraire de ses goûts littéraires qui l'auraient trop mal nourri; un Dieu le protège; il peut se moquer de ses administrés et butiner en paix le jardin d'Anacréon.

• Guy Thuillier, “La Manie Administrative. 'Monsieur Le Préfet' de Jean Madeline (1908)”, La Revue Administrative 48/283 (1995) 18–28.