Cartulaire de Notre-Dame d'Étampes, par l'abbé J.-M. Alliot, ancien vicaire de Saint-Blaise [Lisez: Saint-Basile] d'Étampes. Paris, Alph. Picard; Orléans, Herluison, 1888, in-8° de XXVI-161 p.
La Société historique et archéologique du Gâtinais a adopté de bonne heure l'excellente coutume de publier, outre son Bulletin, des Recueils de documents qui seront du plus grand prix pour l'histoire du pays. Le volume que nous avons entre les mains contient le cartulaire de la collégiale de Notre-Dame. Dans une introduction fort bien composée, l'éditeur, M. l'abbé Alliot, raconte en très bons termes l'histoire de ce corps ecclésiastique fondé vers l'année 1022 par le roi Robert le Pieux. Il fait connaître rapidement ses rapports et surtout ses démêlés avec d'autres églises voisines.
Pour assurer ses droits, le corps des chanoines avait, au cours du XVIe siècle [Lisez: du XVe], fait composer par l'un de ses membres un recueil de chartes qui mentionnaient ses propriétés et prérogatives. M. Alliot fait connaître la composition de ce recueil [Lisez: répertoire], comme disaient les chanoines, de ce cartulaire, comme nous l'appelons aujourd'hui. Il se compose de quatre pièces appartenant au XIe siècle, vingt au XIIe, trente-huit au XIIIe, trente-trois au XIVe et quinze au XVe. En tout cent quatorze pièces. L'éditeur suit les destinées diverses de ce cartulaire, qui appartient présentement à l'église paroissiale de Saint-Blaise [Lisez: de Notre-Dame] d'Étampes.
De bonne heure [Lisez: Ce n'est pas avant Fleureau que] l'importance de ce recueil le signala à l'attention des historiens, et Fleureau, le plus exact de tous, a publié quarante-deux de ces chartes dans son livre Antiquités d'Étampes. Ce livre lui-même est devenu d'une excessive rareté, et tous les esprits studieux font des vœux pour que la Société du Gâtinais, ou l'un de ses membres, se charge d'en donner une nouvelle édition. En attendant la réalisation de ce projet, la Société a pris le parti, pour alléger ses charges, de ne publier qu'une analyse détaillée [Lisez: sommaire] des quarante-deux pièces déjà données intégralement par le savant barnabite, et de fournir dans un texte complet les soixante-douze autres.
M. Alliot s'est chargé de ce soin et il a rempli sa tâche avec bonheur. Après avoir établi son texte avec l'exactitude possible, il a placé en tête de chaque document un titre qui en indique le contenu; il a fait une analyse courte mais suffisante des pièces publiées par Fleureau; il a respecté l'ordre du cartulaire, et il a éclairé plusieurs points par une annotation substantielle.
À propos de cette annotation, nous signalerons une légère erreur à la page 110. “Cette fête de la Trinité d'hiver était sans doute particulière à l'abbaye de Morigny, car nulle part il n'en est question dans la liturgie catholique.” La fête de la Trinité, Festum S. Trinitatis, était célébrée autrefois le premier et le dernier dimanche après la Pentecôte, ces deux jours étaient également désignés par ce nom, mais la première, la principale des deux fêtes, s'appelait Trinitas æstivalis, la seconde Trinitas hyemalis. Légère inadvertance, et qui n'enlève rien au mérite du livre; ce qui ajoute beaucoup au contraire à la valeur de l'ouvrage, c'est la table alphabétique, très claire et bien disposée, qui se trouve à la fin. Somme toute, ce livre est important pour l'histoire religieuse, politique et économique du Gâtinais et surtout pour l'ancienne |p.685 topographie de cette contrée.