Durant toute sa prélature, les Anglais, maîtres de Paris et de toute l'Île-de-France, avaient comme suspendu la vie nationale. Ils se débattaient au milieu de difficultés inouïes; obligés de guerroyer chaque jour, ici contre les troupes du roi |
143 Charles VII, là contre des bandes de malfaiteurs. Épouvantées par les crimes commis journellement dans les campagnes, et réduites à la famine, presque toutes les moniales d'Yerres quittèrent leur cloître et se réfugièrent, les unes dans leur famille, et les autres dans Paris. Jusque-là on avait conservé dans la vieille abbaye un semblant de communauté; car on s'assemblait encore de temps en temps dans la chapelle, pour psalmodier des lambeaux d'office divin, on mangeait en commun. Au temps de Marguerite des Guaculs, tout cela fut abandonné. L'abbesse, se voyant seule avec une ou deux moniales des plus courageuses, quitta elle-même l'abbaye et se réfugia dans Paris, où nous perdons totalement sa trace. Revint-elle, après une absence plus ou moins longue, mourir à Yerres? Peut-être; car son nom et celui de Marguerite de Montaglant furent inscrits dans l'Obituaire par une moniale, qui n'avait guère l'habitude de manier la plume et ne savait plus le latin
1). Elle décéda en 1436; il s'était écoulé un peu plus de six ans depuis son élection; c'est pourquoi les catalogues disent qu'elle fut abbesse pendant sept ans. Ce fut la dernière des abbesses élue avant la Réforme, et la dernière aussi des titulaires inamovibles du monastère, qui dut l'honneur de porter la crosse aux suffrages de ses sœurs. Son obit fut grossièrement tracé quelques jours après son décès, et le Nécrologe fut fermé pendant près d'un siècle.