Alphonse Bertrand (secrétaire de rédaction au Sénat, 1850-1907), “Amodru Laurent (député de l'arrondissement d'Étampes)”, in La Chambre de 1893: biographies des 581 députés, avec avertissement et documents divers, la liste des ministères qui se sont succédé en France depuis 1871 (in-12, VII+372 p.), Paris, librairies-imprimeries réunies, 1893, pp. 532-533.
489. — Arrondissement d'Étampes.
Amodru (Laurent)
M. le docteur Amodru, qui est pour la première fois député, est né à Saint-Vallier (Drôme) le 9 octobre 1849.
Il fut reçu l'un des premiers au concours d'internat des hôpitaux de Paris et obtint la médaille d'argent pour sa thèse |533| de doctorat. Il s'adonna alors spécialement à l'étude des questions de législation médicale, surtout en ce qui concerne l'amélioration du sort des déshérités.
En 1883, il fut élu conseiller municipal, puis en 1888 maire de
Chamarande, dont il possède le château.
En octobre 1886, il fut élu conseiller général par le canton de la Ferté-Alais et réélu en 1892. Il se signala au Conseil général de Seine-et-Oise par “son projet d'hospitalisation des malades et des blessés nécessiteux des communes dépourvues d'hôpitaux”, lequel fut adopté à l'unanimité et qui est actuellement à l'étude dans plusieurs départements.
M. Amodru, dans sa circulaire, déclare être républicain et n'a jamais été autre chose; il veut que la République soit à la fois ferme, libérale, juste et tolérante envers tous. Il considère les lois militaire et scolaire comme définitivement acquises et voit dans le Concordat !a meilleure sauvegarde de la paix religieuse, la meilleure garantie de l'indépendance et de l'autorité de l'État.
Il est protectionniste et partisan de toutes les mesures favorables à l'agriculture (institution du Crédit agricole, réduction des droits de succession sur les petits héritages, réduction des droits de timbre et d'enregistrement sur les petites ventes d'immeubles).
Il est désireux de voir aboutir promptement les réformes ayant pour but d'améliorer le sort des travailleurs, mais il est résolu à repousser toute atteinte à la propriété individuelle et à la liberté du travail. Il demande l'organisation de l'assistance à domicile et de l'hospitalisation, la création de caisses des retraites pour les vieillards et les invalides du travail.
Il réclame l'unification budgétaire et toutes les économies compatibles avec le bon fonctionnement des services publics.
Au premier tour, le 20 août, M. Amodru obtint 3,744 voix; M. Amédée Dufaure, député sortant, conservateur, 4,182; M. de Jouvencel, radical, 1,553.
M. Amodru a été élu, au scrutin de ballottage, le 3 septembre, par 5,085 voix, contre 437 à M. Amédée Dufaure.